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Alcibiade, aventurier ou visionnaire ? Histoire et sens d’un échec

par J-Paul TRESPEUX, ancien proviseur du Lycée Blaise Pascal

Sauf précision contraire, les dates sont sous-entendues avant Jésus-Christ

    Transportons-nous en 416 avant notre ère chez le jeune Agathon qui fête sa victoire au concours des Grandes Dionysies. Dans une compagnie choisie, sont présents Aristophane et Socrate. On a décidé de boire modérément, d’éviter les excès qui marquaient souvent un banquet et de consacrer la soirée à une discussion sur l’amour. Soudain, vacarme ! Platon raconte l’entrée tonitruante du personnage flamboyant dont ,nous allons retracer le parcours. Cet Alcibiade éméché est stratège de la plus grande puissance de l’époque, un personnage qui a fait beaucoup parler de lui pour ses extravagances, ses excentricités et ses excès. Pourtant ce fut aussi un personnage politique important, qui a joué un rôle majeur dans le conflit capital qui opposa Athènes et Sparte lors de la Guerre du Péloponnèse (431- 404).

    Figure très controversée, adulée ou détestée, source de polémiques et de procès même après sa mort, il fait partie de cette espèce de Who’s Who de l’Antiquité que sont les Vies parallèles de Plutarque, qui lui est, de cinq siècles, postérieur. Certes il n’est apparié qu’avec le Romain Coriolan : ils font pâle figure à côté de géants comme Thémistocle, Périclès, Alexandre, Hannibal, Scipion ou César. Mais, au-delà des péripéties, si nombreuses, le personnage a-t-il une cohérence, pourquoi a-t-il échoué dans ses entreprises et n’a finalement laissé que le souvenir de ses excès.

    Après avoir présenté le personnage dans son milieu historique, nous essaierons de le suivre à travers les méandres d’une carrière politique ô combien sinueuse, nous demandant quel a été son rapport au système politique athénien et s’il y a chez lui un dessein précis. Enfin, nous nous intéresserons à la postérité d’Alcibiade, dont nous montrerons qu’il est en grande partie victime de Platon et des Socratiques, qui se sont faits en quelque sorte les vengeurs de Socrate.

    Nous ferons bien évidemment appel aux auteurs anciens, comme Thucydide, Xénophon, Platon et Plutarque. Thucydide et Xénophon ont raconté la guerre du Péloponnèse. Thucydide s’interrompt en 411 (pourquoi, alors qu’il meurt en 396, après la guerre ?), et Xénophon prend la suite dans les Helléniques. L’un et l’autre ne s’intéressent à Alcibiade que pour son rôle dans les événements. Leur but principal est en effet de comprendre la défaite d’Athènes. La place d’Alcibiade dans l’œuvre de Platon est évidemment d’une autre nature. Alcibiade est un des interlocuteurs de Socrate. Les personnages des dialogues illustrent des points de vue ou postures que Socrate interroge pour dépasser les opinions, dans cette recherche de la vérité, raison d’être de la philosophie, préférable à toute autre vie. Mais le philosophe de Platon ne vit pas hors du monde. La politique est aussi un des objets de sa réflexion. Or Platon est un juge sévère du système politique athénien et l’exemple d’Alcibiade, l’un de ses disciples les plus proches qui lui a échappé, n’a pu que le conforter dans ce jugement.

    Nous nous appuierons en outre sur les travaux des historiens modernes, Jean Hatzfeld, dont le livre Alcibiade, paru en 1940, fait toujours autorité, Jacqueline de Romilly, qui a écrit en 1994 un Alcibiade, ou les dangers de l’ambition, plein de vivacité. L’ouvrage récent d’un Américain, David Stuttard, dont le Nemesis. Alcibiade et la Chute d’Athènes, paru en 2018, m’a donné envie d’examiner d’un peu plus près le personnage.

I/ Un héritier dans la capitale du monde grec

1/Le jeu des grandes familles

    Alcibiade est né aux environs de 451, au croisement de deux des plus grandes familles aristocratiques dont l’histoire est étroitement liée à celle d’Athènes : capital social considérable, dirait-on aujourd’hui.
    Son père est Clinias (l’illustre), de la famille influente des Eupatrides (qui prétendaient descendre du héros Ajax), liée à Solon, le grand législateur du début du VIème siècle. Ces grandes familles ont des réseaux internationaux (en l’occurrence en Asie Mineure et à Sparte). Plusieurs de ses membres se sont illustrés dans la vie politique athénienne et en 480 contre les Perses. En 460, ses liens avec Sparte avaient valu l’ostracisme à Alcibiade II. Son fils, Clinias III, le père d’Alcibiade, devenait l’espoir de la famille, une étoile montante dans l’Athènes de Périclès.
    La mère d’Alcibiade, Deinomachè (terrible au combat), était la petite-fille de Clisthène, le grand réformateur, qui posa le cadre de la démocratie à la fin du VIème siècle. Deinomaché appartient donc à la famille illustre des Alcméonides. Son cousin n’est autre que Périclès, qu’elle épousera en secondes noces, après la mort de Clinias en 447 à la bataille de Coronée, en Béotie, contre les Thébains. Ces stratégies matrimoniales confortent les jeux d’alliance entre familles. Les fils de Clinias, Alcibiade et son cadet, passent sous la tutelle de Périclès, leur parent le plus proche, selon les lois athéniennes.

2/Le grand moment athénien : l’Athènes péricléenne, centre du monde grec

     Périclès a dirigé la politique athénienne pendant la vingtaine d’années de la plus grande puissance d’Athènes, à la tête d’un vaste empire maritime, qui s’appuyait sur la ligue dont Délos était le centre. Il rassemblait non seulement les cités ioniennes de la côte d’Asie Mineure et des îles, mais aussi les cités de l’île d’Eubée, les Cyclades, quelques cités de Chalcidique et de Propontide. Les Spartiates avaient, eux, constitué la ligue du Péloponnèse, (mais sans visée impérialiste).
    Les contributions des cités alliés, d’abord déposées à Délos, puis rapatriées à Athènes, vont permettre de financer sous l’impulsion de Périclès la politique des grands travaux sur l’Acropole. Athènes devient un centre d’attraction du monde grec où convergent intellectuels et artistes. C’est dans ce climat d’effervescence optimiste qu’Alcibiade est né et a grandi, lui, l’héritier d’une grande famille habituée aux rôles de premier plan : il s’estime très naturellement promis à un grand destin.

3/ L’ethos aristocratique

     Autour de l’enfance et de la jeunesse d’Alcibiade, de nombreuses anecdotes ont circulé chez les Anciens, qui toutes montrent qu’il choque : il ira jusqu’à gifler un personnage très en vue, Hipponicos, qui pourtant lui donnera sa fille en mariage ! Autre épisode célèbre : il mutile un très beau chien de race, suscitant l’indignation publique. Ses amis s’en inquiètent. Sa réponse ? « C’est justement là ce que je veux : je souhaite que les Athéniens bavardent à ce sujet, afin qu’ils ne disent rien de pire sur mon compte. »
    Ces histoires témoignent surtout de l’état d’esprit d’un jeune aristocrate imbu de sa personne et arrogant, dont l’attitude est constamment transgressive. Il y a dans ces mauvaises plaisanteries un rire méchant qui justifie le propos de Bergson pour qui « le rire est fait pour humilier ». Alcibiade manifeste de manière paradigmatique ce que l’on pourrait appeler un ethos aristocratique. Plutarque parle de « son désir de vaincre et de primer ». Depuis Nietzsche, nous parlerions plutôt de volonté de puissance. Il y a bien chez Alcibiade quelque chose de l’élan pulsionnel que la loi ne peut contenir. D’ailleurs certains y voyaient la marque de la tentation de la tyrannie.
    Les fondements de cet ethos sont bien mis en évidence dans le dialogue Alcibiade : « La raison pour laquelle tu as une haute opinion de toi-même, je vais l’exposer ». Socrate mentionne alors, (on croit entendre Figaro), les grands avantages dont jouit Alcibiade : grande beauté et haute taille, lignage le plus vigoureux d’Athènes, elle-même la plus grande des cités grecques, très grand nombre d’amis et de parents tant du côté paternel que maternel, puissance de son tuteur Périclès, richesse.
    La beauté, aux dires de tous, Alcibiade en usa vis-à-vis des femmes et des hommes, pour parvenir à ses fins ; en Asie Mineure il séduit Tissapherne, satrape de Lydie. La beauté physique fait partie de l’idéal humain des Grecs, résumé dans la formule du kalos kagathos, qui désigne l’homme accompli et définit un idéal de beauté physique et morale. La primauté du désir et du plaisir de la domination est soulignée par les anecdotes et les rumeurs sur les débauches d’Alcibiade. Elles témoignent chez lui de l’affirmation d’un désir qui ne doit être réfréné par rien. Sa femme, Hipparétè, lasse de ses frasques, voulut demander le divorce. Il alla la chercher auprès du magistrat et la ramena de force en traversant l’agora sans que personne n’ose s’interposer. Exilé à Sparte dans les années 415-412, il séduira Timaïa, l’épouse du roi Agis, et aura d’elle un enfant, Léotychidas, créant plusieurs années plus tard un véritable problème dynastique.
Une conception esthétique de l’existence : Alcibiade, dandy avant la lettre, a le souci des apparences avec un goût certain pour la provocation et arbore à l’occasion des tenues excentriques. Pour la guerre, il avait un bouclier d’or et d’ivoire avec pour emblème un Amour qui lançait la foudre à la manière de Zeus. Comble du raffinement, il fait aménager sur le pont de sa trière un lit à sangle pour son confort. Tout cela pourrait le faire passer pour un être narcissique, frivole et superficiel. La postérité l’a souvent réduit à cette vision erronée.
    Les pratiques ostentatoires sont un des traits fondamentaux de l’ethos aristocratique et une caractéristique des sociétés antiques. Si la démocratie est le régime politique d’Athènes, les valeurs dominantes de la société athénienne sont agonistiques et aristocratiques. Comme tous les gens fortunés, il devait assumer des liturgies, c’est-à-dire des dépenses au service de l’Etat. C’était surtout l’occasion de rivaliser dans la dépense afin de se rendre populaire et d’en tirer profit au plan politique. Alcibiade semble avoir largement vécu au-dessus de ses moyens. Nicias, son rival politique, ne se fera pas faute au moment de l’affaire de Sicile de dénoncer son côté flambeur et de le soupçonner de vouloir cette expédition militaire pour se renflouer. Il avait ainsi une écurie de courses luxueuse, qui, en 416, aux jeux olympiques, lui permis de remporter trois prix, d’où un grand prestige en Grèce et à Athènes.

4/ L’éducation et les influences

     Le système éducatif athénien se limite à un enseignement de base. On apprend aux jeunes Athéniens les rudiments : lire et écrire chez le grammatiste, la musique, le chant, la danse et la poésie chez le cithariste et à partir de douze ans la pratique du sport chez le pédotribe, à la palestre et au gymnase. Il n’existe pas d’enseignement supérieur à Athènes, au sens moderne. Dans la seconde moitié du Vème siècle, apparaissent les sophistes, sortes de conférenciers itinérants. Ils enseignent, moyennant finances, toutes sortes de connaissances mais surtout, ce qui intéresse les jeunes gens de bonne famille, la rhétorique et la philosophie. Tout ce bouillonnement culturel conduit à une remise en cause des traditions et des croyances. La fameuse formule de Protagoras d’Abdère : « L’homme est la mesure de toutes choses » résume certains des aspects les plus hardis de la sophistique, qui pose la question des rapports de la nature et de la loi. Pour les grandes familles qui veulent conserver la maîtrise du pouvoir dans le système démocratique, l’apprentissage de l’art oratoire et de l’argumentation est un enjeu décisif pour les joutes à l’assemblée. Or, selon Plutarque, Alcibiade fut un brillant orateur avec un style bien à lui, sachant jouer sur les effets d’attente.
    Alcibiade a côtoyé deux figures exceptionnelles, l’une dans le domaine du pouvoir, l’autre dans celui de la pensée : Périclès et Socrate. Quelle influence ont-ils eue sur lui ?


    II La carrière politique

     1) Le moment historique : la guerre du Péloponnèse (431-404)

     Cette guerre, qui a duré 27 ans, révèle une véritable brutalisation de la société athénienne ; elle a été marquée par une terrible épidémie (75 000 morts en Attique), des massacres de masse (le massacre de Mélos en 416) et a abouti à la défaite d’Athènes et à la dislocation de son empire maritime.

On peut pour simplifier distinguer trois phases :

    2/ L’ascension d’Alcibiade après la paix de Nicias

     La carrière politique d’Alcibiade s’inscrit dans ce conflit entre Sparte et Athènes. Alcibiade a un peu plus de vingt ans quand débutent les hostilités et ne peut évidemment prétendre jouer un rôle politique. A la mort de Périclès, les figures qui dominent la scène politique athénienne sont Nicias et Cléon, qui meurt en 422. Alcibiade participe aux combats (Potidée en 431, Délion en 424) avec courage et détermination, et obtient même, aidé par Socrate, la médaille de la bravoure. Il prend véritablement son essor politique lors de et surtout après la paix de Nicias, conclue entre Athéniens et Spartiates en 421 alors que, faute d’avantage décisif, les deux camps sont las. Jusque-là, il a soutenu la politique belliciste de Cléon. Dans le processus de la paix, il tente, à titre privé, par ses relations personnelles à Sparte, de devenir l’arbitre de la situation. Comme le dit Hatzfeld, « c’est le fait d’un opportuniste qui tâtonne ». Mais la paix se fait sans lui et il devient le principal opposant à Nicias, en proposant une politique plus entreprenante dans le Péloponnèse. Alcibiade est élu stratège en 420. Il initie l’alliance avec Argos, Elis et Mantinée, alliance défensive, qui va entraîner Athènes dans un nouvel affrontement et se solder par la lourde défaite de Mantinée en 418 (en partie due à l’absence de zèle de Nicias). Alcibiade n’est pas réélu stratège et évite même de peu l’ostracisme en 417, grâce à une entente secrète avec Nicias, qui tourne au jeu de dupes, dont fait les frais l’initiateur de la procédure, le chef démocrate, Hyperbolos.

    3/ Gloire, scandale et trahison

    Il relance vite sa carrière et, dans l’affaire de Mélos, préconise la manière forte. Après l’éclatant succès aux Jeux Olympiques, il est élu stratège : tout lui réussit. En 415, il lance une grande idée à la suite de la demande d’aide formulée par la ville sicilienne de Ségeste en conflit avec Sélinonte : soumettre Syracuse et la Sicile. Après de vifs débats à l’Assemblée entre lui et Nicias, qui juge l’affaire aventureuse, il l’emporte en entraînant dans une sorte de fièvre collective ses concitoyens, notamment les jeunes et obtient des moyens considérables pour l’expédition. Mais un scandale énorme éclate juste avant le départ de la flotte : l’affaire de la mutilation des Hermès, scandale auquel ajoute celui de la parodie des Mystères d’Eleusis. Alcibiade est accusé de cet acte d’impiété. D’où un climat électrique et un mauvais présage pour l’expédition. C’est très probablement un coup monté par les hétairies hostiles à Alcibiade qui coalisait contre lui les démocrates, choqués par l’affaire de l’ostracisme, comme les grands propriétaires terriens que la guerre appauvrissait ; il était donc lâché par les oligarques. Face à ce scandale politico-judiciaire où les coups de théâtre se succèdent avec dénonciations, faux témoignages et rétractations, Alcibiade veut se justifier et demande à être confronté à ses accusateurs. Mais cela lui est refusé. Il est cependant autorisé à partir avec l’expédition, départ en fanfare raconté par Thucydide. Quelques semaines après, alors que les opérations ont commencé en Sicile, de façon poussive, Alcibiade est rappelé à la suite de nouveaux témoignages à charge qu’ont suscités contre lui ses adversaires en son absence. Il est accusé pour l’affaire de la parodie des Mystères et pour haute trahison. Alcibiade fausse compagnie aux commissaires chargés de le ramener. « Il disparaît » dit Thucydide. Il part à Elis, puis à Argos, mais sa condamnation à mort, la confiscation de ses biens, l’inscription de son nom sur une stèle d’infamie, et sa tête mise à prix, font de lui un proscrit, désormais en sécurité nulle part. Il n’a plus qu’une solution : demander refuge à l’ennemi, à Sparte ! Grâce à ses amitiés sur place, les Spartiates, bien que méfiants, l’accueillent dans l’hiver 415. Mais rien n’est gratuit en politique. Alcibiade va dévoiler les plans des Athéniens, indiquer aux Spartiates les points faibles de leurs ennemis, leur conseiller d’aider militairement Syracuse, d’occuper Décélie, au nord d’Athènes, pour créer une pression en Attique (ce qui sera fait en 413), et désorganiser ainsi l’exploitation des mines du Laurion, source de la puissance financière d’Athènes, stratégie qui nuira gravement à Athènes. Alcibiade se coule dans le moule des usages spartiates. L’homme élégant, le dandy Athénien parfumé, est devenu un vrai Spartiate : voici comment Plutarque le décrit avec humour (§23) : « En le voyant se raser jusqu’à la peau, se baigner dans l’eau froide, s’accommoder du pain d’orge et manger le brouet noir, on avait peine à en croire ses yeux et l’on se demandait si cet homme n’avait jamais eu un cuisinier dans sa maison, ou consenti à toucher un vêtement en tissu de Millet ».

     4/L’équilibrisme comme moyen de survie politique

     Le tournant de la guerre a lieu à l’automne 413, avec l’échec total des Athéniens en Sicile, la perte de la flotte, le corps expéditionnaire anéanti, les généraux tués. Les rescapés finiront leurs jours misérablement dans les carrières de Syracuse, les fameuses Latomies (voir Thucydide, VII,87).
    L’épicentre de la guerre se déplace à l’Est, en Ionie et dans l’Hellespont avec un nouvel acteur : la puissance perse. Alcibiade pousse à une alliance avec le satrape de Lydie, Tissapherne, et celui de Phrygie, Pharnabaze. La Perse voit là une bonne occasion de mettre la main sur les cités grecques d’Ionie et d’accéder à l’espace maritime de la côte anatolienne. Sparte va constituer progressivement une flotte avec le soutien financier de la Perse. Alcibiade est envoyé en Ionie où il a des amis et où son entregent fait merveille. Les défections s’enchaînent du côté athénien dont l’empire maritime est sérieusement ébranlé. Cependant au printemps 412, le scandale de sa liaison avec Timaea lui aliène définitivement les Spartiates qui décident de le faire mettre à mort. Alcibiade prévenu, se réfugie auprès de Tissapherne à Sardes : un scandale, une condamnation à mort, une fuite, et encore une fois Alcibiade va se rétablir. Il séduit Tissapherne dont il devient le conseiller. A Sparte, plus Spartiate que les Spartiates, à la cour de Tissapherne, il adopte les usages perses et goûte au luxe et au raffinement oriental, au charme de ces jardins artificiels à la végétation luxuriante et à la faune exotique, aux systèmes d’irrigation sophistiqués, dont le nom est devenu en grec le mot paradeisos. Il inspire au satrape une politique de bascule entre les belligérants pour les affaiblir, tout en faisant croire aux Athéniens qu’il arbitre la situation. Des contacts sont établis avec les chefs de la flotte athénienne de Samos pour un changement de régime auquel songent les oligarques, qui vont profiter de la faiblesse d’Athènes. Dès lors toute la question est de savoir s’il faut rappeler Alcibiade ou non, homme indispensable, s’il détient les clés de la situation. Le coup d’Etat oligarchique de 411 entraîne une vague de terreur à Athènes (les chefs démocrates sont assassinés). Mais le nouveau régime se garde bien de rappeler Alcibiade. Les marins de Samos, la base du demos athénien refuse le nouveau régime et en appelle à Alcibiade, soutenu par Thrasybule pour sauver Athènes et le régime démocratique. Avec l’appui de Thrasybule Alcibiade dirige la flotte. Le gouvernement oligarchique s’effondre en 410.

    5/ Alcibiade, le proscrit indispensable

    Alcibiade est alors autorisé à revenir à Athènes mais il reste en Ionie ; cette période, de 411 à 407, est la plus probante. La situation est pour le moins paradoxale : toujours sous le coup d’une condamnation à mort, il dirige la flotte.
    Le bilan d’Alcibiade à l’issue de ces quatre années est flatteur : par plusieurs victoires navales (Kynos-Sema, Abydos et de Cyzique), la prise de Selymbria, Chalcédoine et Byzance, il a très affaiblie la flotte péloponnésienne, les détroits sont reconquis, et la route des terres à blé est rétablie. L’armée a repris confiance. Alcibiade a démontré ses qualités de stratège et de diplomate : quand Pharnabaze jette l’éponge, le traité signé avec les stratèges athéniens ne lui suffit pas, il demande la signature d’Alcibiade. En 407, Alcibiade est élu stratège et peut revenir à Athènes. C’est une arrivée bien préparée par les membres de son hétairie, avec un cortège triomphal du Pirée à Athènes. La réhabilitation est complète, et les pleins pouvoirs lui sont conférés pour la conduite de la guerre. La célébration des Mystères d’Eleusis en septembre est le point culminant de la séquence. Depuis que Décélie est occupée par Agis, la procession d’Athènes à Eleusis ne peut plus se faire par la Voie Sacrée mais seulement par mer. Alcibiade, avec l’infanterie, décide d’organiser la procession par la voie terrestre. Tout se déroule parfaitement. Pour les Athéniens, c’est un grand moment de fierté collective et pour Alcibiade une belle revanche. Sa popularité est surtout grande parmi les pauvres et les petites gens. Certains l’auraient pressé d’exercer la tyrannie. A-t-il été tenté ?

    6/ Ultimes manœuvres et derniers moments

    Quand Alcibiade quitte Athènes en octobre à la tête d’une centaine de trières en direction de l’Ionie, il ne sait pas qu’il ne reverra plus sa ville et qu’il lui reste trois ans à vivre. La donne a changé en Ionie : Lysandre, qui est avec Brasidas le plus grand général de cette guerre, est désormais à la tête de la flotte péloponnésienne. La Perse est sortie de l’ambiguïté et a décidé de soutenir résolument Sparte. Pour financer leurs opérations, les Athéniens doivent recourir au pillage et aux réquisitions. Lors de l’une de ces opérations qu’Alcibiade commet une faute majeure, qui le perdra. La flotte, stationnée en face de Notion où se trouve la flotte péloponnésienne sous les ordres de Lysandre, Alcibiade la confie à Antiochos, l’un de ses fidèles compagnons, mais ni stratège ni officier supérieur. Antiochos a la consigne de ne pas engager de bataille, mais il veut faire un coup d’éclat et échoue. Alcibiade, revenu en hâte, ne peut rien faire. à Athènes, c’est la déception et la colère : il est destitué. Grâce aux bonnes relations qu’il a nouées avec le pouvoir thrace, il se constitue une petite principauté dans la région des Détroits sur la rive de l’Hellespont.
    La guerre se poursuit sans lui. Le demi-succès aux Arginuses (406), provoque une nouvelle crise politique à Athènes. Six des généraux, accusés de n’avoir pas fait recueillir les naufragés et d’avoir laissé s’enfuir la flotte ennemie, sont exécutés. Athènes se prive ainsi de quelques bons stratèges. La pièce d’Aristophane, Les Grenouilles, représentée en 406/405, montre bien l’opinion publique athénienne, déboussolée et partagée à l’égard d’Alcibiade : « Elle l’aime, et le hait, et veut l’avoir » (vers 1425). Et aussi « Avant tout, ne pas élever un lion dans une cité, mais une fois qu’on l’a élevé, il faut se faire à ses manières » (vers 1431-1433).
    Le dernier acte se joue dans les Détroits. Lysandre avec sa flotte prend position à Lampsaque. Les Athéniens s’établissent avec 180 trières en face de lui dans une position mal commode, à l’embouchure des ruisseaux de la Chèvre (Aigos-Potamos). Lysandre veut répéter Notion et attendre que les forces athéniennes se désorganisent. Aussi refuse-t-il les offres de combat des Athéniens à quatre reprises. Alcibiade espère jouer encore un rôle. D’après Xénophon, il vient mettre en garde les stratèges contre les risques de leur position, pour éviter aux Athéniens un désastre et se présenter en sauveur, mais en vain. Finalement Lysandre, profitant de l’éloignement des soldats athéniens partis au ravitaillement, détruit au mouillage la quasi-totalité de la flotte, en août 405. Athènes capitule début 404, après un siège qui affame la ville. Les Longs-Murs sont rasés. Et le régime des Trente avec Critias à sa tête s’installe et impose un climat de terreur.
    Pour Alcibiade, la situation est critique. Toute la région est passée sous domination spartiate, il ne peut rester en Thrace, ni revenir en Grèce continentale ; il décide de tenter sa chance auprès d’Artaxerxès. La suite est mal connue. Comme le dit Hatzfeld, Alcibiade sort à ce moment-là de l’Histoire pour entrer dans la légende. Xénophon ne parle pas de la mort d’Alcibiade, qui aurait recherché l’aide de Pharnabaze, le satrape de Phrygie, mais c’est un hôte embarrassant. Pour les Trente, il est une menace et pour l’opposition aux Trente, qui se regroupait à Argos et Mégare, un espoir. à la demande de Critias, les Spartiates sollicitent Pharnabaze pour qu’il les débarrasse d’Alcibiade. Peu après, il est assassiné dans une bourgade de Phrygie, à Mélissa, à 46 ans. Plutarque donne à cette mort une dimension épique. Rien n’y manque : le songe prémonitoire, la peur que le personnage inspire à ses assaillants. Alcibiade meurt en pleine action, les armes à la main, tué de loin, de façon anonyme et lâche. Les derniers mots du récit de Plutarque sont : « Ils l’abattirent au moment où il sautait au travers du feu pour sortir ». Au chant V de l’Iliade, Homère compare Diomède à « un lion blessé qui bondit hors de l’enclos », avec le même mot. Cette vision d’Alcibiade saisi dans un ultime élan au moment de mourir, définitivement indomptable, a de l’allure !

    III Alcibiade et la politique athénienne

    Quelle cohérence peut-on repérer dans cette vie et ce parcours mouvementés, faits de hauts et de bas, de triomphes et d’échecs, de scandales et de trahisons ?

    1/ Le pouvoir personnel comme fil conducteur

    Conquérir le pouvoir, influer sur le cours des événements, telle est la constante du comportement d’Alcibiade. Le pouvoir est un droit. Comme le lui fait dire Thucydide : « Plus que tout autre, Athéniens, j’ai des droits à exercer le commandement (…) et j’estime en même temps que j’y ai des titres ». Une fois entré dans le jeu politique, il n’en sort pas. Même lorsqu’il semble abandonné de tous, il s’arrange pour continuer d’agir par acteurs interposés. Condamné à mort, en 415, il monnaie la protection des Spartiates contre sa connaissance des forces et faiblesses d’Athènes. Par les informations qu’il donne, il cherche à manœuvrer les Spartiates et à rester le maître du jeu. Il sait où il faut frapper et il continue d’influencer ainsi le cours de la guerre. En Ionie, à partir de 412, lâché par Sparte et toujours l’ennemi à abattre pour les Athéniens, il joue la carte perse en cherchant à éviter la victoire de l’un des deux belligérants. Son but est bien de gagner du temps afin d’imposer à terme ses volontés aux Athéniens.
    En fait, après chaque chute, il vise avant tout sa survie politique. Et en politique, survivre, c’est se rendre indispensable. Même après Notion, une fois destitué, il se garde bien de rentrer à Athènes rendre des comptes comme tout stratège doit le faire, il conserve un regard sur les événements et, en contactant les stratèges athéniens à Aigos-Potamos, il cherche encore à revenir en sauveur.
Son projet de principauté en Thrace, inspiré de la politique de Miltiade l’Ancien, il le voit sans doute comme un tremplin pour se rétablir, dans une région hautement stratégique pour l’approvisionnement d’Athènes en blé. Donc, jusqu’à la fin, Alcibiade raisonne et agit dans le but de reprendre le pouvoir à Athènes. C’est cette capacité de résilience qui d’abord frappe chez lui. C’est cet instinct et cette intelligence politique qu’il convient de souligner.

    2/ Alcibiade, démocrate ou oligarque ?

    Alcibiade est le produit du système athénien : par ses origines, les traditions familiales, il est lié aux institutions. L’aristocratie, ou une partie d’entre elle, a su composer avec le demos et s’accommoder des institutions démocratiques. Tant qu’ils ont pu conduire la politique athénienne en jouant de leur prestige et en s’attirant la faveur du peuple par leur munificence, et se faire élire stratèges, les aristocrates y ont trouvé leur compte. Alcibiade fait carrière dans le cadre de cette démocratie, dont il respecte les règles. Quand il est accusé en 415, Il entend se défendre devant les juridictions de la cité. Et à son retour en 407, il tient à se disculper devant les deux institutions qui l’ont condamné. Mais alors son passage dans le camp des Spartiates en 415 marque-t-il une rupture ? Passer à l’ennemi et lui fournir des renseignements stratégiques essentiels, dans toutes les langues, cela s’appelle haute trahison. Il faut cependant ne pas projeter nos catégories sur des réalités distantes de nous de vingt-cinq siècles. Luciano Canfora nous aide peut-être à comprendre en introduisant la notion de « conception personnelle de l’état ». Pour les Grecs, dit-il, « l’état n’a pas de personnalité juridique au-delà ou au-dessus des personnes, mais coïncide avec les personnes mêmes, avec les citoyens ». La notion même de trahison est ainsi relativisée. Ce n’est pas l’état comme entité impersonnelle qui juge et condamne Alcibiade mais d’autres citoyens. Ce dernier explique devant les Spartiates que ses adversaires à Athènes lui ont fait du tort, et considère qu’il est légitime de vouloir se venger. Mais soyons clairs : en vérité, Alcibiade n’a que mépris pour la démocratie. Pour s’en convaincre, il suffit de lire ce que Thucydide lui fait dire devant les Spartiates, même si l’exil le contraint : « Puisque la cité était en régime démocratique, la nécessité voulait qu’on s’adaptât en toutes choses aux circonstances » (VI, 89,4)…. « la démocratie, nous savions entre gens sensés, ce qu’elle vaut. Mais d’une folie universellement reconnue pour telle, comment rien dire de nouveau ? » (VI,89,6) Par son milieu, il est un oligarque et participe au jeu des hétairies, ces foyers de conspiration contre la démocratie. En 411, Alcibiade a encouragé le projet de renversement de la démocratie. Une partie des oligarques veut alors son retour. La question est au centre de l’intervention de Pisandre devant l’assemblée à Athènes. Mais ils y renoncent vite. Et par un de ces retournements dont l’Histoire a le secret, ce sont les marins insurgés de la flotte de Samos, qui constituent la base du demos athénien, qui vont faire d’Alcibiade leur chef. Il a le soutien d’un démocrate indiscutable : Thrasybule, qui lui permet de revenir dans le jeu politique à partir de 411, ce Thrasybule qui jouera un rôle décisif dans la chute des Trente en 403. En fait, Thucydide donne raison au stratège Phrynichos, un des chefs du mouvement oligarchique de Samos, quand il déclare qu’Alcibiade ne désirait pas davantage l’oligarchie que la démocratie et estime qu’Alcibiade n’est pas l’homme qu’il faut dans une oligarchie. Pour Hatzfeld, l’échec d’Alcibiade est sans doute de ne pas avoir su dépasser cet antagonisme et imaginer une autre voie. Mais les conditions étaient-elles réunies ?

    3/Alcibiade voit le monde grec et proche-oriental du point de vue athénien

    Alcibiade conçoit le rôle d’Athènes comme ses prédécesseurs. Thémistocle en a donné les grandes orientations en misant sur la flotte et en faisant d’Athènes une thalassocratie. Périclès a poursuivi cette politique qui lie étroitement démocratie athénienne et impérialisme. Alcibiade est l’héritier de ces choix, et de Périclès pour qui l’Empire athénien ne pouvait durer qu’en se développant. Hatzfeld remarque qu’Alcibiade ne néglige pas la dimension continentale pour assurer la sécurité territoriale d’Athènes. La réalisation de l’alliance avec Argos exprime cela. Cette alliance, d’ailleurs durable, est à mettre au crédit d’Alcibiade. Comment interpréter dès lors le projet de conquête de la Sicile ? Tenons-nous là son grand projet visionnaire ou est-ce la fuite en avant d’un aventurier, comme le suggère Nicias devant l’assemblée ? Ce projet s’inscrit en réalité dans la logique profonde de l’impérialisme athénien, idée ancienne, car, dès 427-426 les Athéniens s’étaient intéressés à la Sicile et avaient fait une brève tentative. Alcibiade visait sans doute grand et loin : soumettre Syracuse, et la Sicile tout entière, mais aussi, au-delà l’Italie, Carthage et ses possessions hispaniques. Athènes aurait dominé tout le bassin méditerranéen. Le projet était assurément grandiose, peut-être idée aussi d’Hyperbolos, le chef du parti démocrate, ce qui expliquerait son hostilité à l’égard d’Alcibiade, qui se serait approprié son projet. S’il avait abouti, c’est sans doute toute l’histoire du bassin méditerranéen qui aurait été changée. Alcibiade aurait réalisé à l’Ouest ce qu’Alexandre moins d’un siècle après lui réalisera à l’Est.

    Conclusion : la vengeance de Socrate

    La postérité n’a retenu en gros d’Alcibiade que l’image donnée par Platon et les anecdotes sur ses extravagances : un adolescent imberbe, vaniteux, narcissique et immature. L’homme politique et le stratège ont été ignorés ; il est surtout le disciple réfractaire de Socrate, arrimé à lui comme son double négatif. Ainsi dirons-nous qu’Alcibiade a été la victime de Platon, vengeur de Socrate, victoire posthume de l’homme de pensée sur l’homme de pouvoir.
    Il faut reconnaître qu’il n’a inspiré aucune grande œuvre, selon Marie-Paule Loicq-Berger, de l’université de Louvain, qui a recensé les différentes représentations d’Alcibiade dans la littérature et la peinture à travers l’histoire. En littérature, le Moyen-âge l’ignore (Villon le confond avec une femme). Le Banquet, traduit par Marsile Ficin, a exercé une grande influence à la Renaissance, qui a privilégié l’éloge de Socrate par Alcibiade et sa comparaison de l’apparence de Socrate avec la laideur d’un Silène démentie par la beauté de l’âme, motif repris par Erasme et Rabelais. Montaigne, lecteur des Vies parallèles de Plutarque, loue sa faculté d’adaptation, et l’érige presque en modèle de l’homme du monde dans le droit fil des manuels de savoir-vivre dont le livre du Courtisan de Balthassare Castiglione fournit le meilleur exemple. Aux XVIIème et XVIIIème siècle, il est associé à la thématique amoureuse et sentimentale, adapté au gré des sensibilités littéraires du moment : amoureux précieux chez Quinault (Le feint Alcibiade,1658), héros d’intrigues sentimentales dans la tragédie de Campistron (Alcibiade, 1685), personnage comique dans la pièce de Philippe Poisson (Alcibiade, 1731), ou libertin dans le roman épistolaire de Crébillon fils en 1771, les Lettres athéniennes extraites du Portefeuille d'Alcibiade. Au XIXème, il inspire les lions de la Comédie humaine, les dandys froids et sans scrupules tels Rastignac, Rubempré, d’Esgrignon et de Marsay : ses véritables héritiers. Dans le domaine pictural, du XVIème au XIXème siècle, on met en scène le couple Socrate et Alcibiade, le maître et le disciple, comme dans l’école d’Athènes de Raphael (fresque de 1508-1512) dont l’idée sera reprise par Delacroix en 1841-1846 lorsqu’il réalisera la décoration du dôme de la bibliothèque du Sénat, Les Limbes. Les peintres du XVIIème et du XVIIIème siècle le représentent le plus souvent dans le rôle du disciple chapitré par le maître pour s’être écarté du chemin de la vertu et lui donnent une dimension allégorique. C’est le cas du tableau de François-André Vincent (1776) Alcibiade recevant des leçons de Socrate, et de celui de Jean-Baptiste Regnault (1791), Socrate arrachant Alcibiade du sein de la Volupté. Le seul qui lui restitue une vraie grandeur est le peintre russe Yakov Fyodorovitch Kapkov, qui dans La mort d’Alcibiade, en 1842, conserve l’atmosphère épique de Plutarque et suggère de façon saisissante la volonté farouche de survivre.

    Que reste-t-il de lui aujourd’hui ? Il n’inspire ni les artistes ni les écrivains. La culture antique est si loin ! Et pourtant, la figure d’Alcibiade est parfois convoquée pour analyser les modes de transmission du pouvoir et les pratiques de la communication politique actuels. Le détour par l’Athènes de la fin du Vème siècle a ainsi une fonction herméneutique qui nous rend notre présent lisible. Je renvoie par exemple à l’étude tout à fait savante et sérieuse que Marc Chevrier, universitaire, professeur de sciences politiques à l’université du Québec, consacre au phénomène politique nouveau que constituait en 2015 l’arrivée au pouvoir d’une personnalité comme Julien Trudeau. Cette étude, parue en 2016 sur le site de l’Agora sous le titre : « Julien Trudeau, ou le petit Alcibiade canadien », analyse les caractéristiques de l’ascension d’un jeune lion d’aujourd’hui, qui présente plus d’une similitude avec l’Athénien. Le jeu pour d’autres rapprochements est ouvert. Car, même si Jacqueline de Romilly écrit en conclusion de son ouvrage qu’« il faut se garder des identifications, toujours fausses », elle affirme aussi « qu’on sent un intérêt accru à cette vie d’Alcibiade quand on mesure qu’elle correspond à une crise qui nous la rend par moments très proche. » à chacun d’en juger.

(Conférence proncée le 30 septembre 2021)

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