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L'engagement de Michelin pendant la guerre de 1914-1918
par Pierre-Gabriel GONZALEZ, journaliste
Pierre Gabriel Gonzalez, journaliste spécialiste du marché de l’art, des collections, de l’histoire et du patrimoine des entreprises est l'organisateur de la Convention internationale des Collectionneurs Michelin.
Michelin est une entreprise importante qui affirme son intérêt pour l’aviation. Pour André et Edouard Michelin, dès 1912, « notre avenir est dans l’air » ; si nous avions 5000 aéroplanes, véritable force de dissuasion, notre sécurité serait assurée ; ainsi s’exprime leur esprit patriotique contre l’Allemagne.
L’entreprise, forte de ses innovations dans le domaine des pneumatiques et de sa maîtrise de la publicité, fait connaître par des cartes postales cet intérêt pour l’aviation, et crée le 22 août 1911 deux prix de l’aéro-cible, richement dotés respectivement de 50 000 et 25 000 francs, pour attirer l’attention du public et de l’armée sur les capacités militaires de l’aviation, particulièrement pour des bombardements, quand l’Etat-Major ne croit qu’à un rôle dans le renseignement. Elle produit des tissus caoutchoutés pour les ailes des avions ; en 1914, elle publie un guide pour les 120 officiers aviateurs brevetés, que compte le pays. Elle avait créé aussi, en 1908, un grand prix de l’aviation, remporté le 7 mars 1911, pour récompenser le premier équipage, qui, en moins de six heures, parti de Paris, atterrirait au sommet du Puy de Dôme, exploit immortalisé par un tableau de Maurice Busset.
Dès le début de la guerre, Michelin offre 100 avions à l’armée française et promet d’en fournir à prix coutant autant que nécessaire, fait bétonner le champ d’atterrissage à Aulnat, et assure la formation des aviateurs à l’aide d’un simulateur de vol ; 1873 Bréguet-Michelin seront produits.
Le 1er août 1914, la paie est exécutée dans la nuit et les mobilisés rejoignent leurs régiments. |
Les syndicats étaient contre le travail des femmes, mais les femmes du peuple avaient besoin de gagner de l’argent : on les retrouve à la fabrication des munitions, ce sont les munitionnettes; chez Michelin, on fabrique des masques à gaz et des munitions. Les paysannes, elles, remplacent les hommes au travail de la terre. |
Le livre d’or du personnel des usines Michelin mobilisé pendant la guerre de 1914-1918 a été précieusement conservé.
Les premiers guides Michelin illustrés des champs de bataille apparaissent dès 1917 ; après la guerre, un tourisme mémoriel se développe tôt ; plus de deux millions de ces guides seront édités mais ne procureront pas de bénéfices, car il faut aider à la repopulation.
Des postes sont aménagés pour les mutilés.
Des Américains sont formés en Auvergne sur un simulateur de vol aux Gravanches.
Le premier guide de tourisme en France sera consacré à Clermont-Royat: il s’adressait aux Américains en soin dans la station thermale et à leurs familles.
La guerre finie, Michelin arrête son effort dans l’aviation militaire et revient aux pneumatiques.
(Conférence proncée le 11 décembre 2018)